« j’ai toujours eu un leadership naturel en moi ! »

Dans un milieu réputé pour laisser beaucoup de rêveurs sur le bord de la route, Arouna Sangante a su tisser sa toile avec méthode et application pour aller toucher son rêve : devenir footballeur professionnel. Pur produit du HAC comme Paul Pogba ou Steve Mandanda avant lui, le jeune défenseur sénégalo-bissau-guinéen a connu l’ascenseur social dans son club formateur, où il est aujourd’hui capitaine à seulement 21 ans. «C’est un jeune qui a du charisme et un vrai leadership par certains côtés, malgré son âge. C’est une des caractéristiques, mais pas la seule. Il a aussi répondu présent dans beaucoup de moments difficiles. Et puis il représente les valeurs du groupe comme du club. C’est sur ça que se fondent les éléments : l’exemple de la culture club», confiait, à ce titre, récemment Luka Elsner.

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Une précocité et une autorité naturelle qui font d’ailleurs de lui le plus jeune capitaine de notre championnat cette saison. «Le brassard ne génère rien d’autre s’il n’est pas accompagné d’une autorité acquise. Ce n’est pas un grade que l’on donne», ajoutait, malgré tout, le coach des Ciel et Marine, pour qui il constitue un relais majeur dans le groupe. Pourtant pas rompu aux exercices médiatiques et aux entretiens face caméra, c’est dans un climat de confiance que s’est livré Arouna Sangante pour Foot Mercato. Souriant et attachant, le capitaine normand nous a reçu au centre d’entraînement du club, dans le bureau de ses team managers, spécialement aménagé pour l’occasion. Ce qu’il a d’ailleurs fait chaleureusement, malgré une séance d’entraînement réfrigérante dans les jambes quelques instants plus tôt.

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Le Havre : Arouna Sangante raconte sa complicité avec Yassine Kechta

Foot Mercato : avant de revenir sur votre actualité, est-ce que vous pouvez nous parler un peu de votre parcours et de vos premiers pas dans le football ?

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Arouna Sangante : mes premiers pas dans le football se sont fait à l’âge de 11 ans du côté de Saint-Denis, avant cela j’avais commencé par le rugby, j’ai joué pendant deux années et puis j’ai eu envie de me lancer dans le football. J’ai commencé en région parisienne au Cosmos Saint Denis, un club de région parisienne. C’est là-bas que j’ai fait mes débuts pendant deux années. Une première expérience qui m’a d’ailleurs permis de gagner la coupe départementale avec mes coéquipiers au Stade de France. Dans la foulée de ce sacre, je suis parti au Red Star. J’ai continué ma progression et le Red Star, où j’ai passé deux ans aussi, m’a permis de signer au Havre.

FM : vous êtes formée à la Cavée, la formation havraise est historiquement louée. Pouvez-vous nous en parler ? Comment expliquer cette force et l’ascension de nombreux talents dans la région havraise ?

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AS : Le Havre se distingue par son excellente formation, à la Cavée. Je l’ai vu par le passé aussi avec de nombreux joueurs qui sont passés par le club et aujourd’hui, la dynamique se poursuit. Pour moi, c’était une très belle expérience. L’ascension des talents dans la région havraise ? Je pense que c’est beaucoup lié à la manière dont on nous brief, au quotidien, la façon dont on nous entoure, comment on nous accompagne que ce soit scolairement ou sportivement.

FM : quand vous voyez Saël Kumbedi ou Isaak Touré, deux purs produits du club comme vous, signer à l’OL et l’OM, qu’est-ce que cela vous procure ?

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AS : c’est valorisant, ça montre que ça travaille bien au Havre, ça montre aussi qu’il y a un vrai potentiel chez les jeunes et beaucoup de choses à développer en eux. C’est une reconnaissance pour le club.

Arouna Sangante, le plus jeune capitaine de Ligue 1 !

FM : vous avez récemment prolongé votre aventure avec les Ciel et Marine jusqu’en juin 2026, comment avez-vous accueilli cette nouvelle ? C’était votre volonté depuis le départ de découvrir la Ligue 1 avec votre club formateur ?

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AS : c’était un objectif que je m’étais fixé dès le départ, oui. Ma première ambition était d’engranger les matches, week-end après week-end. Dès que le club a fait cette approche vers moi, pour moi c’était inévitable, je devais le faire et franchement j’en suis content aujourd’hui.

FM : Foot Mercato justement était présent au Stade Océane en début de saison pour la présentation des maillots et quelques jours après votre prolongation, vous aviez été chaudement salué par le public. Pouvez-vous nous parler de ce stade, de cette ambiance et de ce qu’apportent les fans Ciel et Marine ?

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AS : c’était émouvant parce qu’on sortait d’une saison où on avait tout donné avec l’accession à la Ligue 1 au bout et de revoir et retrouver nos supporters, le stade et cette ambiance, c’était un moment magnifique. Il nous pousse continuellement et c’est un vrai plus pour nous.

FM : aujourd’hui, vous êtes âgé de 21 ans et déjà capitaine du HAC, le plus jeune de notre championnat, comment gérez-vous cette pression et ce statut aussi important ? Qu’est-ce que vous vous êtes dit au moment où Lukas Elsner vous a mis au fait de sa volonté de faire de vous son capitaine ?

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AS : j’essaie de gérer ce statut de la meilleure des façons. Il faut rester serein. Après si j’ai été désigné capitaine par le staff et les joueurs, parce que c’est pas que le staff, il faut aussi que les coéquipiers t’acceptent en tant que capitaine. Il faut accepter les responsabilités, je suis aidé au quotidien par plusieurs membres du club, je ne suis pas seul, je suis accompagné et ça me permet aussi de gérer au mieux ce rôle. Luka Elsner m’avait déjà préparé auparavant. La saison dernière, lorsque Victor Lekhal était le capitaine du HAC, il me préparait déjà pour les années futures. Aujourd’hui, ce rôle est là et je suis content de l’endosser.

FM : comment expliquez-vous cette précocité et cette faculté à sortir du lot malgré votre expérience relative ?

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AS : j’ai toujours eu un leadership naturel, je crois que j’ai toujours eu ce leadership en moi, j’ai beaucoup été dans cette fonction de leader en étant plus jeune et ça se poursuit aujourd’hui. C’est dans la continuité.

FM : pour nos lecteurs, on va aussi parler de votre profil. Droitier, 1m83 et donc pilier de cette défense, quelles sont selon vous vos forces ? Avez-vous des références à ce poste ?

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AS : des forces en tant que joueur ? Malgré ma taille, je suis bon dans les airs et devant moi, le jeu au sol. J’ai une très bonne relance et je vais assez vite pour un défenseur central. Concernant mes modèles, je regarde beaucoup Antonio Rudiger, je regarde beaucoup ce joueur-là, c’est un style qui me plaît. Après chacun est comme il est mais c’est un style qui m’inspire. Ce qui me plaît chez lui, c’est que c’est un défenseur qui harcèle l’adversaire, il ne s’arrête jamais et il joue dur sans jamais faire trop de fautes. Il peut faire des fautes mais elles sont souvent faites de manière intelligente (rires) et franchement c’est top de voir ça.

FM : dans la continuité de la précédente question, si vous deviez mentionner quelques axes d’améliorations, quels seraient-ils ?

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AS : on a toujours des axes d’amélioration, tout au long d’une carrière. Me concernant, je pense que c’est ma maîtrise des émotions, souvent, c’est ça qui va me faire défaut et qui peut changer mon match donc il faut que je progresse sur cet aspect-là.

«La Ligue 1 ? On a payé certaines choses sur la moindre erreur mais c’est comme ça, c’est le haut niveau !»

FM : sur le plan collectif, le HAC a donc fait son retour dans l’élite du football français. Un événement historique pour le club, avant de revenir sur ses premières journées en L1, pouvez-vous nous raconter l’épopée des Ciel et Marine la saison dernière ? Comment avez-vous vécu cette saison de L2, qu’est-ce qui faisait selon vous la force du HAC ?

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AS : la saison dernière, notre équipe roulait plutôt bien, c’est un groupe qui s’est formé petit à petit. Après il y a eu des départs malheureusement mais si on prend l’année dernière et cette année, on a des valeurs communes qu’on commence à retrouver. Notre valeur principale est de ne jamais rien lâcher, on a des mecs qui se donnent sur tous les ballons, vraiment sur tous les ballons. Chaque gars se bat pour l’erreur de l’autre et c’est ça que je kiffe dans ce groupe.

FM : jusqu’à présent, quel est le joueur qui vous a le plus impressionné parmi vos coéquipiers ?

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AS : tout le monde est bon dans ce groupe mais Oussama Targhalline est un joueur que j’apprécie particulièrement. C’est un joueur qui est 8 ou 6 et malgré son profil, on ne le voit pas comme ça mais c’est un élément qui est important dans notre collectif. C’est un joueur qui récupère beaucoup de ballons, qui a une justesse technique et il a une bonne vista aussi.

FM : après quelques semaines passées en L1, pouvez-vous nous décrire cette expérience ? Quelles sont les principales nouveautés pour vous par rapport à la saison dernière ?

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AS : La Ligue 1 ? Déjà ça change de la Ligue 2, c’est complétement différent sur l’intensité, sur la justesse technique. On l’a vu à travers nos premières rencontres, on a payé certaines choses sur la moindre erreur mais c’est comme ça, c’est le haut niveau. Maintenant, c’est à nous de nous adapter le plus rapidement possible mais globalement sur nos débuts en L1 je suis content. Je suis satisfait de notre classement et on va essayer de continuer comme ça.

FM : comment jugez-vous votre adaptation à la L1 ?

AS : ma trajectoire personnelle en L1 est de mieux en mieux, ça a été compliqué sur les premiers matches mais c’est de mieux en mieux. Après je pense qu’il y a encore beaucoup à faire, le chemin est encore long.

FM : Mathieu Bodmer faisait état d’une réelle différence au niveau des transitions entre la Ligue 2 et la Ligue 1, est-ce que vous confirmez cette sensation de pouvoir se faire transpercer à n’importe quel moment cette saison ?

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AS : le risque de se faire transpercer est réel, oui. Honnêtement, à n’importe quel moment, franchement il faut être prêt sur tout. Il faut être constamment vigilant mais même en étant vigilant, parfois tu as une petite faille qui va s’ouvrir donc c’est là où on a vraiment vu le changement. Pour prendre un exemple, l’année passée, sur certaines actions où on commettait une erreur et où on ne pouvait pas rattraper notre erreur, bah au final les mecs rataient. Cette saison, ce n’est pas la même chanson. Dès qu’ils arrivent dans la surface ou même en dehors, tu peux prendre une lunette de nulle part, c’est incroyable.

«Amine Harit ? C’est le joueur qui m’a le plus impressionné !»

FM : en Ligue 1, quel est le joueur qui vous a le plus choqué depuis le début de la saison ?

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AS : dans toutes les équipes qu’on a jouées jusqu’à présent, il y a à chaque fois un très bon joueur, voire plusieurs. Après, honnêtement, celui qui m’a impressionné, je dirais que c’est Amine Harit. Harit oui, avec ses dépassements de fonction, sa qualité de dernière passe et tout ce qui en suit, c’est un très bon joueur. Après, je n’ai pas encore vu le reste (rires).

FM : aujourd’hui, qu’est ce qui fait la force du HAC ?

AS : comme je vous ai dis au tout début, le HAC c’est une âme. Ce sont des joueurs qui donnent tout, vraiment tout. Que ce soit les joueurs ou le staff, on travaille comme ça à l’entraînement, ça fait vraiment partie d’une culture.

FM : pouvez-vous nous parler un peu de votre coach Luka Elsner ? Comment il vous accompagne dans ce début de carrière ? Une relation particulière ?

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AS : particulière, non après on est assez proche, on communique. Luka Elsner, quand il est arrivé, il m’a beaucoup choqué car auparavant je n’avais jamais encore eu de coach comme ça. C’est un coach qui a toujours les bons mots, qui a les mots justes et qui sait donner de la confiance aux joueurs Il sait s’appuyer sur nos forces, c’est un très bon manager. Nos qualités d’entraînement sont bonnes, son staff est bon. Franchement, je n’ai rien à dire sur ça. Si je suis son relais majeur ? Oui, il le faut.

FM : pouvez-vous également nous parler de votre place dans le groupe havrais ? Je crois savoir que vous avez une relation assez complice avec Yassine Kechta notamment, pouvez-vous nous en parler ?

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AS : Yassine Kechta, c’est un coéquipier mais c’est aussi un frère. C’est un frère dans la vie extérieure, je suis tous les jours au téléphone avec lui même si on se voit quasiment toute la journée ici, ça ne change rien. C’est un garçon que je kiffe et un très bon joueur. Yassine Kechta, c’est un joueur important dans notre collectif car c’est celui qui arrive le plus à porter le ballon. Il a cette capacité à amener le ballon dans les derniers mètres adverses et ça nous facilite beaucoup les choses. La CAN pour lui début 2024 ? Je l’espère pour lui, je l’espère vraiment pour lui.

Objectif CAN !

FM : vous êtes une valeur montante à votre poste, loué pour vos qualités athlétiques, si on se projette un peu, quelles sont vos ambitions pour la suite de votre carrière ?

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AS : à vrai dire, je ne me suis pas encore projeté, pour l’instant je suis bien où je suis aujourd’hui. J’ai fait la montée avec mon club et aujourd’hui mon objectif est de me maintenir avec mon club et aussi d’aller le plus loin en Coupe de France parce qu’on sait très bien que si tu vas loin dans cette compétition, il y a plusieurs choses qui peuvent s’ouvrir. En regardant Toulouse, ils sortent de nulle part et au final ils jouent l’Europe, c’est incroyable et on aimerait forcément faire ça aussi. La Coupe de France est donc un objectif ? Oui, il faut aller le plus loin possible quoi qu’il arrive.

FM : pour terminer, on va parler un peu de la sélection. Vous avez la double nationalité (Sénégal et Guinée-Bissau), avez-vous déjà réfléchi à cette question et auriez vous une préférence pour votre futur ?

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AS : entre le Sénégal et la Guinée-Bissau, je n’ai pas vraiment de préférence, je vais voir les choses comme elles se présenteront. Ça dépendra aussi beaucoup de moi, de mes performances, de mon état et des solutions qui s’offriront à moi. Après, ce que je peux dire, c’est que pour la sélection, je n’ai pas encore fait mon choix.

FM : en septembre, Aliou Cissé avait confié qu’il avait privilégié d’autres profils au vôtre car il vous connaissait déjà. Il avait ajouté que vous pourriez être appelé en octobre, ce qui n’a finalement pas été le cas. Comment avez-vous accueilli cette non-convocation ?

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AS : je ne lui en veux pas, Aliou Cissé est le sélectionneur, il fait ses choix et je me suis dit que si aujourd’hui je n’y suis pas, c’est que j’ai encore beaucoup de choses à travailler et c’est ce que je vais continuer à faire, avec détermination et après ça on verra si les choses vont changer. Si j’échange avec le sélectionneur ? Non pas du tout, j’échange un peu avec ceux des U23 mais ils ne sont pas en relation avec ceux d’en haut, c’est un peu compliqué.

FM : concernant la CAN, le tirage au sort a récemment été effectué, avez-vous un favori à nous donner pour la victoire finale ? Et pouvez-vous nous parler de la concurrence à votre poste en sélection avec Moussa Niakhaté, Abdou Diallo ou encore Kalidou Koulibaly ?

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AS : ce sont des bons joueurs qui ont déjà prouvé tout au long de leur carrière et maintenant c’est à moi de monter les curseurs pour coller à leur niveau et pour espérer plus. La CAN est un objectif que j’ai en tête, forcément. Avec qui ? Je ne sais pas encore mais c’est un objectif que je me fixe et que j’aimerais réaliser. Pour ce qui est du favori pour la CAN, je n’en ai pas (rires).

FM : souhaiteriez-vous ajouter quelque chose ? Une anecdote, un message à faire passer ?

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AS : une anecdote ? Il y en a eu les années passées mais cette année, je n’en ai pas encore, j’attends encore un peu (rires).

Pub. le

Author: Sara Brooks